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Importation du néoconservatisme américain, selon les plus paresseux de ses détracteurs, le sarkozysme est en fait ancré dans une tradition historique française. Pour faire court, il n'est rien d'autre qu'un bonapartisme moderne.

Ce qui le caractérise tout d'abord, c'est l'affirmation qu'il est possible d'être de droite en France. C'est épouser la pensée de Charles Péguy qui écrivait : « On ne saura jamais ce que la peur de ne pas paraître suffisamment à gauche aura fait commettre de lâchetés à nos Français. » Etre de droite pour brouiller les frontières entre soi-disant « progressistes » et soi-disant « conservateurs », telle est bien la marque de fabrique de cette droite sans complexe qu'on retrouve chez Napoléon Ier, Louis Napoléon Bonaparte ou Charles de Gaulle.

Ce qui en découle surtout, c'est la démonstration qu'il n'y a aucune incompatibilité entre le peuple et la droite, aucune complicité naturelle entre le peuple et la gauche, cette gauche du Front populaire qui, il faut le rappeler, a largement voté en 1940 les pleins pouvoirs au maréchal Pétain.

Ecouter Nicolas Sarkozy parler aux travailleurs, c'est relire « L'extinction du paupérisme », dans lequel Louis Napoléon Bonaparte écrivait, en 1844 : « La classe ouvrière n'est rien, il faut la rendre propriétaire. Elle n'a de richesse que ses bras, il faut donner à ces bras un emploi utile pour tous. Il faut lui donner une place dans la société et attacher ses intérêts à ceux du sol. » Contrairement à ce que prétendait François Hollande au cours d'un débat télévisé (avec l'auteur), ce n'est pas Jaurès qui a arraché le droit de grève pour les travailleurs, c'est Louis Napoléon Bonaparte qui l'a accordé en 1864.

Ce qui caractérise enfin le sarkozysme, c'est l'optimisme qu'entraîne l'acceptation du monde tel qu'il est. C'est refuser de rétracter la France au rang de puissance moyenne et considérer avec les économistes libéraux que la mondialisation a toujours été une chance et non un cauchemar.

Autant de principes qui ne peuvent que nourrir les haines des partisans du prêt à penser. Difficile, en effet, pour tous ceux qui croient penser « juste », d'admettre un système qui fait de l'action et de l'adhésion populaire les clés de sa légitimité.

 

D’après Jacques Marseille, historien dans Le Point (édition du 10 mai 2007)

 

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